Objets noirs et choses carrées : a Tribute to Nino Ferrer
release date : 2012
label : optical sound

A tribute to french musician Nino Ferrer. With french underground (from Klimperei to Palo Alto) and the contribution of Etienne Charry, J.G Thirlwell (Foetus). Beautiful DVD packaging by Pascal Béjean.

Tracklisting :
01. Lefdup & Lefdup feat. Arthur Ferrari – Cannabis
02. The Garcon – Mirza
03. Klimperei – Le téléfon
04. Molypop – The Garden
05. Les Hauts de plafond – Alcina de Jésus
06. Klimperei – Justine
07. Etienne Charry – Les cornichons
08. J. G. Thirlwell – La rua Madureira
09. Norscq – Alexandre
10. Les Denise Glaser – Mamadou Mémé
11. Palo Alto feat. Laurent Pernice – Le téléfon
12. La Kuizine – Le sud
13. David Fenech – La rua Madureira
14. Cocoon – Oh ! hé ! hein ! bon !
15. Toupidek Limonade – La maison près de la fontaine
16. Bernard Szajner – Cannabis
17. Klimperei – Oh ! hé ! hein ! bon !
18. Complot – Je veux être noir
19. Non finito orchestra – Nino finito (medley)

Avec Objets Noirs et Choses Carrées, le label expérimental français Optical Sound rend hommage à un grand iconoclaste de la chanson française : Nino Ferrer. De Nino Ferrer la plupart d’entre nous n’ont retenu que les tubes dadaïstes, “Les Cornichons”, “Le Sud”, “Le Téléfon”, “Mirza” ou “Oh ! Hé ! Hein ! Bon !”. Certains auront retenu quelques anecdotes rigolotes sur ce père fouettard de la chanson française (dans le sens où Nino, comme Gainsbourg ou Bashung, corrigeait souvent le genre, le guérissant de sa bêtise intrinsèque, de sa superficialité et de sa vanité) qui choisit sa fin de vie en 1998 à Montcuq dans le Lot. Les autres, les vrais fans, les amateurs, les spécialistes, sont surtout en manque d’un auteur-compositeur actuel capable d’écrire et d’interpréter des merveilles comme “Alcina De Jésus”, “Le Sud” (encore), “The Garden”, “La Maison près de la Fontaine” ou encore “La Rua Madureira”. Car oui, si Nino Ferrer, né Nino Agostino Arturo Maria Ferrari, le 15 août 1934 à Gênes en Italie, était ce que l’on appelait à l’époque un “auteur compositeur interprète”, c’était surtout un grand songwriter, un compositeur original et un interprète en effet, hors-pair. Apatride, anarchiste, esthète dans son genre débraillé, Nino Ferrer était certainement l’un des musiciens les plus cultivés de sa génération. Sa musique, l’air de rien, revisitait le jazz, le blues et la folk musique américaine, offrant à la chanson française un lustre et une culture qu’on ne lui connaissait pas. Alors que le fantôme du revival Yéyé pointe son nez depuis quelques mois (un hasard très certainement), le label Optical Sound orienté musiques expérimentales et beaux-arts, sort une très belle compilation, objet-disque comme c’est souvent le cas, accompagné d’un très beau livret (et d’une présentation signée Joseph Ghosn), dédié à l’Italo-Français disparu trop tôt. Objets Noirs et Choses Carrées donc – un titre inspiré par la chanson “Madame Robert” qu’aurait adoré celui à l’origine de cette initiative – que l’on doit à un autre outsider de nos contrés, Philippe Perreaudin membre du groupe free-rock, jazz et électronique, Palo Alto. Perreaudin, entouré de dix-neuf artistes tous français, à l’exception de J.G. Thirwell, godfather de la musique industrielle des 80’s, parmi lesquels Etienne Charry (un temps membre du groupe Oui-Oui avec Michel Gondry), Arthur Ferrari, l’un des deux fils de Nino qui participa entre autre en son temps à L’œil du Cyclone, l’émission culte de Canal + avec les frères Lefdup, ou encore The Garçon (pour une formidable reprise frigide et “suicidaire” comme on dit “frigidaire”, de l’indétrônable “Mirza”), mais aussi Cocoon, Molypop, David Fenech, le Non Finito Orchestra, Norscq, Bernard Szajner et bien sûr Palo Alto (feat Laurent Pernice) qui tous revisitent le répertoire d’un artiste majeur du XXième siècle, auteur de pas moins de 16 albums à redécouvrir. Avec cette compilation, Philippe Perreaudin et Optical Sound donnent à voir les liens cachés, les inspirations communes qui existent, comme des fils invisibles tendus entre des univers parallèles, entre des musiciens d’horizons extrêmement variés (et souvent à mille lieux de celui de Ferrer) et l’œuvre de cet atypique artiste. Plus loin encore, Objets Noirs et Choses Carrées laisse entrevoir également, ce qu’un personnage comme Nino Ferrer aurait pu faire, aujourd’hui, entouré d’une telle fratrie !
Maxence Grugier – Fluctuat / Premiere, Avril 2012 (link)