GV_AAHH

Dominique Grimaud + Veronique Vilhet ‎– AAHH!!
Release date : October 2015
Label : Bam Balam Records

Moog synthesizer and drums duo. First album of the duet between Dominique Grimaud (synthesizer) and Veronique Vilhet (drums). David Fenech and Patrick Muller helped on sound and mastering.

British musical magazine “The Wire” introduces them as “veterans of the french underground”. We’re OK with it since they started their musical journey at the beginning of the seventies in various “underground” French bands (Camizole, Johnny Be Crotte, Vidéo-Aventures, Royal de Luxe, etc.). The music is like Yin and Yan. It progresses on two separate and distinct but complementary paths. On one hand, the driving and captivating rhythms of the drums provides the duo its foundation with deep, low-end filled harmonics beats calling for hypnotic abandon. On the other, the warm and voluptuous sounds of the analog Moog and Synthi AKS synthesizers, alternatively blazing and light, carry the listener to unfathomable worlds. The band wanted an uncompromising album, where the mysteries laying within the music would only be revealed through numerous attentive listening sessions. To guarantee their aspiration met success, the band asked for and received the expert support of two sound alchemists: David Fenech and Patrick Muller. Dominique Grimaud created a 2 volumes books/collages in 1977 and 1978, dedicated to the music scene that emerged post French cultural revolution of May ’68, entitled: Un certain rock (?) français (A certain French Rock(?)). He co-wrote with Eric Deshayes: “L’Underground Musical en France” (The musical underground in France), published by “Le Mot et le Reste” in 2008.

Tracklisting :
01. Organophonie
02. Poto
03. Cabengo
04. AAHH!!
05. Hoho
06. Oracle
07. All Silicon
08. Conrad
listen : aahh

Drum, Percussions, Jew’s harps, music and production – Véronique Vilhet
Moog synthesizer, Synthi AKS, Prophet 2000, music and production – Dominique Grimaud
Artwork – Dominique Grimaud & Véronique Vilhet
Advisor – David Fenech
Mastering – Patrick Muller

les structures sont simples : une batterie scande un rythme différent sur chacun des morceaux, un rythme pas si évident que ça, et s’y tient ; un synthétiseur analogique distille des ondulations répétées et variables ; un peu de percussions ; un peu de voix ; un peu de guimbarde. Il y a aussi le son, sa limpidité, ses dynamiques, une remarquable mise en espace. Chaque instrument est manipulé avec une grande sensibilité. Les structures sonores en mouvement sont captées et restituées avec une exactitude permettant leur déploiement pour un impact très fort, mais toujours dans la délicatesse.
Véronique Vilhet à la batterie et Dominique Grimaud aux synthétiseurs créent ainsi une musique d’apparence abstraite mais profondément expressive, traversée de résonance de bols tibétains imaginaires, d’ondes électroniques et de tambours cérémoniels tout en retenu. Les titres d’AAHH!! s’écoutent et se réécoutent pour le plaisir d’entendre ces sons, mais aussi pour tenter de comprendre ces étranges rites qui se mettent en place. Ils ne sont pas vraiment religieux, plutôt industrieux, tels des artisans de la matière, du fer, du bois ou des peaux, suivant méticuleusement les étapes d’un mystérieux processus de fabrication.

Neospheres – 2016 (link)

La marche funèbre qui ouvre ce disque incite étrangement à la curiosité. Les premières pulsations hypnotisent l’auditeur dès les premières secondes et pourtant, la porte d’entrée ne se trouve pas en façade. Il va falloir faire le tour du bâtiment, passer et repasser devant, avant d’en trouver l’embrasure. Dominique Grimaud et Véronique Vilhet forment un duo hors norme.
Une batterie, et quelques synthétiseurs analogiques pour une expression minimaliste et complexe à la fois. La batterie qui rappelle parfois la simplicité de Moe Tucker ne se donne pas en spectacle, elle vous agrippe, et ne vous lâche plus, comme une transe, un rythme tribal qui allonge le temps à grands renforts de battements de corps. Mais peu à peu, ce paysage dénudé s’habille de sons voluptueux qui se mêlent, s’entrelacent, les synthétiseurs analogiques de Dominique Grimaud donnent de la couleur à la toile.
Pour ce premier album, le duo a choisi l’abstraction et la répétition, jusqu’à l’obsession. Cette obsession qui vous ensorcelle, vous tient tête. Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter la course d’un morceau comme AAHH !! qui donne son titre à l’album, sauf cette cadence infernale qui se termine lentement et qui vient achever cette première face obsédante. aaah !
La force première de ce disque, c’est cette façon que le duo a de vous happer littéralement, avec une économie de moyens pourtant impressionnante. Hoho démarre une fois de plus avec cette pulsation épidermique et basique. Les sons des synthétiseurs ne se frôlent jamais ici, ils s’entrechoquent, tels des drones qui déraillent allant systématiquement à l’encontre du métronome qui leur est opposé. Ce disque ne se picore pas, ne se survole pas, il se prend à bras le corps, comme une œuvre abstraite, mais sur laquelle il faut remettre l’ouvrage au lendemain, puis au surlendemain car bien malin est celui qui pourra dire avoir tout saisi de ce disque à la première écoute.
Chaque titre semble vouloir répondre à l’autre, en faisant abstraction du précédent, mais aussi de toute forme de mélodie, toute forme de bâtisse, toute forme de forme. Si les structures de l’édifice sont d’une solidité ahurissante grâce à cette batterie présente sur toute la longueur du disque, le décor du bâtiment lui est en mouvement perpétuel. Oui, ce disque est un paradoxe. Un disque immobile qui répète sans fin le même motif et ne dit jamais deux fois la même chose.
Passionnant à plus d’un titre, ce sillon creuse en profondeur les chemins tracés par tant d’autres. Musiques électroniques, musiques concrètes, musiques électro-acoustiques, musiques abstraites ? Musique tout simplement ? Cette folle envie qu’a chacun de vouloir coller une étiquette sur chaque note de musique comme pour trouver un repère n’a pas lieu d’être avec ce duo, et ce AAHH !! se veut être un cri de soulagement, comme pour dire qu’enfin, l’espace est à nous, la liberté de prendre le temps de placer ce que l’on veut où l’on veut, comme sur Conrad qui vient clore le disque avec des sons flottants, presque spatiaux, pour nous emmener loin et ailleurs, là où l’on se moque de tout ce que l’on pose sur les stickers qui tiennent à nous vendre un disque.
Dominique Grimaud et Véronique Vilhet ne nous attrapent pas à grands renforts de références, ne citent jamais, ils évoquent au mieux. Mais si l’espace d’un instant vous vous donnez la peine de fermer les yeux, vous allez voyager. Assis dans une pièce sans mur, avec des sons qui vont arriver de partout, des silences qui vont vous en dire long, peut-être même sur vous même, vous allez pouvoir vous adonner à la seule chose qui vaille, la liberté. AAHH !! est un cri de liberté, ce qui explique sans doute pourquoi ce disque, si beau et si complexe à la fois, se mérite car il faut parfois se battre, pour défendre sa liberté.
AAHH!! est disponible chez Bam Balam Records

Addict Culture – 2016 (link)