we all believe in utopia
release date : 2009
label : inpolysons

compilation on the inpolysons label, around the happy theme of utopia. david fenech’s contribution is a duet with jad fair . in 1989, inpolysons released its first record; the compilation “ubu et la merdre”, as a tribute to alfred jarry. 1989 was also the year of the break of the berlin wall: a new hope was born mostly for the young utopists. twenty years later, the word has changed and we will not review in details all the bad things that happened since the end of the cold war. societies moved from unequal diversity to the disaster of globalization. let’s celebrate together this birthday, defending our ideas of imaginary folk, funny but sincere poetry. the king ubu still lives somewhere not far for here, but thanks to faustroll pataphysical spirit, we can be save from the deathly sadness of the world. let’s be ephemeral and non credible, fragile and contradictory because the future belongs to those kinds of people. utopia will win, utopia is our nirvana, our way of thinking.

Tracklisting :
01. jean francois pauvros – hutopie
02. david fenech + jad fair – living in utopia
03. klimperei – salut topy
04. dominique grimaud + veronique vilhet – variations pour des popcorns et un soupir
05. itoken – land
06. mme patate – stpl (with love)
07. frédéric le junter + pierre bastien – sept jeunes infirmières rient
08. franck collot – les monstres
09. rocket matsu – floater
10. pascal ayerbe – os court
11. palo alto – file under utopia
12. jerome noetinger – tant que je lasse yeah !
13. la terre tremble !!! – lullaby
14. alain de filippis – burn out
15. la société des timides à la parade des oiseaux – minisme
16. gangpol und mit – fantasy attempts

 

We All Believe in Utopia, c’est un peu pour le label InPolySons le moyen de fêter ses 20 ans d’existence. Oui, 20 ans que ce label engagé travaille en toute discrétion avec quelques fidèles artistes parmi lesquels on citera notamment Jean-François Pauvros, Dragibus, Pierre Bastien, Klimperei ou encore David Fenech. A l’image de ces artistes, le label couvre divers genres musicaux, toy music, rock engagé, musique mécanique, pataphysique, les uns critiquant notre société contemporaine, les autres la tournant en dérision. Il était donc logique de les retrouver sur une compilation où ils crient tous à leur façon leur croyance en l’utopie.
Les styles musicaux sont donc assez variés, mais la compilation débute par le rock franc et direct de Jean-François Pauvros avec Hutopie, l’occasion pour nous de signaler de réguliers calembours et autres jeux de mots à l’image du Salut Topy de Klimperei qui aligne les “utopie nambour” et autres “utopie nocchio” annonçant tout de suite la couleur. On en profitera pour signaler assez régulièrement des compositions très théâtrales avec spoken word et musiques un peu barrées. David Fenech et Jad Fair nous font ainsi penser à Tim Burton, La Société Des Timides À La Parade Des Oiseaux nous la joue comptine free jazz pour enfants pas sages, puis on tend vers l’abstraction avec Dominique Grimaud et Veronique Vilhet, cette dernière se lançant dans d’étonnantes improvisations vocales, faites d’onomatopées et chuintements. On en profite pour aborder les expérimentations les plus extrêmes, que l’on ne s’attendait pas à trouver sur cette compilation d’ailleurs, comme les collages abstraits, micro-bruitisme et silences de Jérôme Noetinger, ou le particulièrement imagé Les Monstres de Franck Collot qui nous propose un field recording de benne à ordures ménagères, broyant tout ce qu’elle trouve sur son passage. 
Après ces expérimentations on revient à des compositions un peu plus classiques avec les flûtes et orgues mécaniques de Frédéric Le Junter et Pierre Bastien, l’électro nerveuse, saturée et agitée de Alain De Filippis puis les complexes et superbes échafaudages instrumentaux de Palo Alto. On se rapproche petit à petit d’un esprit pop-rock avec La Terre Tremble !!! et ses chants fredonnés puis les ukulélectroniqueries de Gangpol und Mit qui clôturent l’album comme un générique d’émission pour enfant, coloré, léger et sautillant. On aura tendance à placer le Japonais Itoken dans un registre similaire, façon fanfare de clown, tout comme Rocket Matsu qui nous propose un Floater joliment équilibré avec un tempo assez soutenu mais de géniales mélodies, douces, laissant poindre une certaine nostalgie. Même efficacité, même esprit et même réussite pour Pascal Ayerbe et son Os Court façon fête foraine extra-terrestre, mettant sur un pied d’égalité guitare électrique, accordéon, theremin et jouets sonores. 
On vous a mis de côté une petite perle et aussi bizarre que cela puisse paraitre, elle s’appelle Mme Patate. Fragile mélodie de guitare, glissement de cordes, pendant qu’elle semble fredonner et manipuler de petits objets qui viennent habiller son STPL (With Love).
Vous l’aurez compris, We All Believe in Utopia est une compilation qui ne veut pas se prendre au sérieux avec des artistes qui s’attachent à rester dans cet esprit. Aucun doute, après des semaines de musique minimaliste déprimante, ce disque bariolé va vous mettre le sourire au lèvres au point qu’il sera difficile de s’en défaire. Chouettes découvertes et gros coup de coeur !
Fabrice Allard  , Etherreal – le 19/01/2010 (link)

Si la conjoncture économique n’a pas été (on le saura) à la fête en 2009, la conjoncture de mes cheveux blancs, elle, a été plus que florissante. La faute en est à ce temps qui passe et qui célèbre les 40 ans d’untel, les 20 ans de Machin… et voilà que le label In-Poly-Sons s’y met aussi, puisqu’il célèbre également ses vingt années de bons et pimpants services à la gloire des musiques pataphysiques parfois bricolées avec deux bouts de ficelle. Mais le jour où le défrichage des sentiers battus fera son âge, il y aura de quoi s’inquiéter ! Par définition, des musiques rafraîchies et rafraîchissantes auraient plutôt des vertus réjuvénilisantes.

On en aura une fois de plus la preuve avec cette nouvelle compilation thématique d’In-Poly-Sons qui, dans la foulée d’Ubu et la Merdre (la première pierre, premièrement mémorable !), Hardis Bruts, No More, no Mouroir et autres Pechno Hits, vient re-sonner la charge, à l’occasion de “l’âge bête” du label, des ritournelles non décérébrées mais pas prises de tête pour autant.

Et pourtant, derrière cet assemblage hétéroclite de piécettes de rock déglingué ou dégénéré, de musique-jouet, de soundscapes électro ou environnementaux, de bricolo-pop acidulée, de post-rock décomplexé et d’avant-rock théâtralisé, où les jeux de mots fusent bons enfants et les sons ne s’embarrassent pas de domestication stérile, c’est bien un combat sempiternel qui est exprimé, celui en faveur de l’utopie ubuesque, de l’espoir dodelinant, des sourires béats aux dents longues et aux langues bien pendues, bref « du folklore imaginaire, de la rigolade et de la poésie sincère » (sic).

Ils sont venus, ils sont tous là ou presque, ces Utopistes récidivistes que l’on cherche de plus en plus à réduire au silence : ils se nomment KLIMPEREI, Mme PATATE, Rocket MATSU (des PASCALS), Frédéric LE JUNTER, Pierre BASTIEN, Jérôme NOETINGER, LA S.T.P.O., David FENECH, Jean-François PAUVROS, Pascal AYERBE, ITOKEN, Dominique GRIMAUD, et j’en passe… Ils ne parlent pas tous le même langage mais parlent d’une même voix pour vanter leur éphémérité, leur fragilité, leur incongruité, leur ludique lucidité et leur esprit de contradiction face au rouleau-compresseur d’une mondialisation nivellante et raboteuse de rêves.

Plus que jamais, il est temps d’utopiser, et les exemples déployés ici apportent un sacrée rasade d’air non vicié ! On aurait bien imaginé Lars HOLLMER (SAMLA MAMMAS MANNA, ACCORDION TRIBE…) collaborer à cette saine entreprise d’Utopisation : il n’en a malheureusement pas eu le temps, aussi ce CD lui est-il logiquement dédié.

En espérant que les autres absents de ce projet mais qui sont encore de ce monde continueront à œuvrer pour l’azymutage de l’esprit utopisant… « L’utopie se décline mais ne s’incline pas » déclare à juste titre le label. Si c’est pas de l’engagement, ça ! « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans », disait l’autre. Pensez donc : ce n’est pas à vingt ans que ça va s’arranger !

Stéphane Fougère – Rythmes Croisés (link)